"Respirer" --13.06.2009 - bis
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Respirer… respirer… respirer… respirer… respirer… encore, encore, encore, tant qu’il y aura de l’air.
Au travers de mes poumons coincés dans cette cage osseuse trop étroite, ankylose inerte.
L’oxygène en fine particules s’active péniblement, mais surement, il se presse, se hâte, et ne se tempère.
Un véritable petit phalanstère à l’intérieur, grouillant en auto protection. Avec délicate application.
C’est beau, tous ces mécanismes, ces va et viens d’alchimie, pour que vive cet apparat de gaudriole, …
Dans mon sang aux couleurs pourpres, il est le salvateur de mes nuits angoissées.
Oublier les électrons, les crises d’asthmes, et les atmosphères noiraudes de ces ennuis.
Croire que la faim d’épiderme n’est que facétie grandiloquente, que pacages, superfétatoire.

Je tomberais à tes pieds, souillant mes genoux, éraflant en écorchures sanglantes mes mains.
Ma tête au sol, mes yeux pleins de poussières d’étoiles, ma bouche avalant la terre de tes jeux.
Je deviendrais ton esclave, je le veux. Poussant tes vices aux obscénités. Mes vertus en prise.
Quitte à souffrir de tes frasques, de tes amères propositions, mais par pitié délivres moi du morne.

Ce jour, où le cynique chagrin sera balayé par l’exhaustive redingote qui emportera cette sottise farfelue.
Ma peau, mes cicatrices, ma cellulite, toute la douceur d’un baiser salutaire. J’ose imaginer stoïque.
Les yeux rivés vers ce rien, infini néant. Je respire l’odeur de la claustration brulant mes bronches.
J’aimerais ôter mon costume de guerrière, pour brûler en de délicieuses bouchées sur tes lèvres souillées,
On ne sait jamais alors, disposer mes fruits délicatement, espérons qu’ils ne pourrissent.
Froids souvenirs et espoirs en montagnes rocheuses. J’accuse le coup, du rien anéanti, enfin si …
Je coince cette délivrance dans cet infini trou à rat, oppression de libertés ou l’épanouissement accule.

C’est vrai, il y a ceux qui perpètrent, profitent, usent ce buffet pantagruélique, s’y réjouissent,
Des fois, leurs actes sont prémédités, d’autres, à leur insu s’offusquent, présentant leurs excuses méritées.
Mais les pillages abondent, et ne cessent sur ces chairs en manque d’effusion saltimbanque.
Et inondent mes joues rougies par les gifles reçues en retour. J’écume le sel de ces rivières accomplies.

Sauvage, mélancolique, vilaine amertume d’utopiste. La solitude s’abat comme des gésiers.
Une énorme salade écœurante de moments intimes déjà réchauffés. Douceâtre, insipide, banale.
Gésir, je fonds comme la neige sur le bout de ma langue grande ouverte, dans l’attente d’un air plus frais.
Flocon singulier, je suis le chemin tracé de ma chute, j’attends l’atterrissage où je disparaitrais. Pouf …
Dans la masse d’autres particules lâchement oubliées, on m’oubliera, et je prendrais corps avec le rien.
Reposer, respirer… Je trime, brasse, empogne manquements grotesques. Chute en arabesque.
Infirmière des âmes perdues, je catalyse les ecchymoses, provoque des guérisons de cœur éteints.
Et pendant ce temps j’emploie, déploie mes dons, … Et j’attends, j’attends, j’attends…
Respirer… respirer… respirer… respirer… respirer… encore, encore, encore, tant qu’il y aura de l’air.

 

 

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